Domaine Bayard, le vin comme révélateur d’une seconde vie

Au fil des rencontres

publié le jeudi 11 février 2021 à 09h39

Domaine Bayard, le vin comme révélateur d’une seconde vie

 

Expert en design et fabrication d’intérieurs d’avions, Louis Laborde s’est découvert, à la retraite, une âme de vigneron. L’ancien patron d’Axyal atterrit dans les vignes, sur les coteaux de Monein, acquiert avec Rose-Anne le domaine Bayard. Et innove dans un chai high-tech. Un rebelle qui se verrait bien conquérir des horizons lointains avec ses cuvées telluriques.

 

Posséder un cru pourrait passer pour une fantaisie, une distinction rurale. C’est véritablement la passion du vin qui a poussé Louis Laborde à quitter le monde des avions pour se convertir au monde de Bacchus. Il a trouvé à Monein un petit paradis, la promesse d’un retour à la terre, l’ivresse d’une nouvelle vie. La vieille propriété Bayard laisse entrevoir une seconde carrière pour le patron d’Axyal, à Sauvagnon. Séduit par la beauté sauvage du site, les incroyables paramètres de viticulture qui convergent en ce lieu, il craque pour le petit vignoble tellurique. Coup de foudre partagé avec Rose-Anne.

Un enracinement dans le terroir viticole :

 

En 2016, ils s’offrent, tranquillement, pour leur retraite, 4 hectares flanqués sur les coteaux. Et cèdent à leurs enfants la PMI familiale. Avec la conviction qu’ils avaient découvert un domaine véritablement unique. D’autant qu’il ne fut plus exploité depuis des décennies. S’installer dans cet écosystème local signifie adopter le temps de la nature. Leur rêve est de faire revivre et découvrir ce trésor oublié. L’insertion de la parcelle dans les lisières de la forêt, dans le biotope des haies connectées à d’autres haies, inclus Bayard dans un espace agricole, protégé. Le couple a des exigences et une vision claire pour ces terres où les sols n’ont pas connu de chimie. Arracher les vieux ceps ? Hors de question. On ne touche pas au végétal. Pas à pas, Louis multiplie les parcelles, plante lauzet, petit courbu, camaralet, s’engage dans la démarche Haute valeur environnementale. Et intègre à l’exploitation une nouvelle activité : « l’éco-œnotourisme ». Pour relever le défi de la biodiversité. Pour préserver et enrichir ce qui existait déjà. En plus, il fait fusionner le chai et le paysage. L’un est l’autre ne font plus qu’un. L’architecture pensée pour l’usage, respecte l’ancrage territorial. Soutenu par les murs en gabions avec galets du gave, le toit fuyant du faîtage rejoint le ciel, portail du bois et de la forêt. On est dans le cuvier comme dans une cathédrale. Il y a une volonté d’élévation que proclame la voûte, en écho à la structure spatiale de Saint-Girons. Un espace de forte intensité. Cerné par les vignes, le bâti sculptural n’est pas seulement une ode au vin, à la nature, il exprime aussi les forces ancestrales qui animent les lieux. Bayard s’ouvre sur la montagne, sur l’infini.

 

À la recherche du millésime secret :

 

Pour exprimer visuellement l’interprétation de « la magie du Jurançon », Louis a choisi l’audace. L’étiquette, fabuleusement « désignée », bâtit un enchantement. L’essentiel est là, une esquisse, un caillou, une étoile, un nom. Peu de choses en somme ; un monde coloré, peuplé de signes, de formes, qui portent la fantaisie de dessins d’enfants. Teintes et traces rappellent l’univers du raisin. Un microcosme invisible ; toute la multitude du vivant. L’œuvre libre de l’artiste catalan Perrotte. Concrètement, cela donne des vins voluptueusement mûris, touchés par le passerillage, des vins marqués d’une empreinte saline et minérale. La vigne exprime par la grappe les secrets du sol. Des argiles rouges, et encore des galets multiformes et multicolores, donnant vigueur à la plante, sublimant les cépages, modulant la composition des baies.

 

Le domaine Bayard entretient un rapport unique à sa terre : 

 

Chaque parcelle, chaque bouteille, raconte un diluvium pyrénéen. On goûte la beauté et les mystères d’un « petit bout de planète ». Cristallin, aérien, éthéré, « Myriades » décroche les étoiles, dans la galaxie des moelleux. Le petit manseng, transfiguré par une dose de soleil et de vent, concentre une aromatique complexe, où l’abricot se mêle à l’orange dans un tourbillon de sucre et d’acidité. Contre le ciel infini, le bèth cèu de Pau, les manseng louent la nature pour sa valeur essentielle. « Symbiose » signe l’association intime de deux entités. Richesse mesurée d’un Jurançon tendre et rebelle, tout en douceur acidulée. Dans sa quête, le « vigneron » veille à saisir l’éphémère. L’effervescence foisonne, aérienne, marque l’identité du gros manseng, élevé neuf mois sur lattes. « Nebula » s’approprie « l’énergie » des fines bulles qui pétillent, étincellent, se dispersent en des milliers d’étoiles, libérant des arômes briochés. Pour ce qui est des cuvées de sec, on n’a pas hésité à jouer sur le lieu, en restituant le nom du quartier, dans un joli jeu de mots. « Griffe d’Ucha », « Papilles d’Ucha », livrent leur essence avec malice et humour. Subtilement, Louis et Rose-Anne ont su insuffler un style, une vision du Jurançon. Bayard, cyberactif, excelle dans l’art d’ouvrir son vignoble. Formule œnophile et gourmande, atelier sensoriel, escape game, balades conduisant à parcourir les vignes de près... Un luxe impalpable. Une halte rafraîchissante à savourer.

 

Texte de Lucie d’Incau

Découvrez le Domaine Bayard sur Winameety

 

winameeTeam

par winameeTeam

La winameeTeam vous propose des articles quotidien rédigés avec nos partenaires et amis.