Comment protéger au mieux la vigne des maladies ? Printemps et pulvérisation

Le pourquoi du comment

publié le lundi 01 mars 2021 à 11h42

Comment protéger au mieux la vigne des maladies ? Printemps et pulvérisation

C’est le printemps, à l’extérieur la nature explose : le beau temps et une bonne dose d’humidité mettent le vert en marche... Et quelle marche, rien ne l’arrête, et heureusement ! Mais qu’en est-il alors de notre vigne puisqu’ici c’est de vin qu’on discute et donc pour faire du vin, il faut des raisins et pour avoir de beaux et bons raisins, c’est de la vigne qu’il faut prendre soin.

 

 

Après avoir dormi sur ses 2 rameaux, la vigne se réveille doucement, après la taille elle pleure, pas de tristesse, mais comme nos ados préférés sa sève se réveille et monte doucement, et avant de sortir ses bourgeons lâchent un peu de liquide en bout de ligne... je vous laisse avec l’image :)

 

Puis viennent les premiers bourgeons, qui deviennent feuilles et poussent plus ou moins rapidement selon les températures et l’humidité, le travail peut vite s’intensifier pour le vigneron, car les travaux en verts commencent, on enlève en effet les bourgeons qui sont latéralisés, sur la souche par exemple. Et si on n’a pas eu le temps, ou qu’on en manque viendra l’épamprageplus difficile et plus long car les pampres, qui sont les petites branches de vigne sont bien plus coriaces que des bourgeons ! 

 

Bref, en tant que vigne, je pousse à vitesse grand V s’il fait beau et doux comme en Avril 2020 et alors le vigneron qui s’occupe de moi doit accélérer le mouvement car si l’humidité est présente, alors les champignons le sont aussi. Au stade de la grappe formée, je deviens très sensible aux champignons qui au demeurant sont venus comme bien d’autres soucis de la lointaine Amérique. Sacrée traite des blanches, l’européen vendeur d’esclave se retrouva quasiment privé de vin par avidité, abus et maltraitance envers son prochain... autre sujet. Moi, j’aurais dû me présenter, je suis vitis vinifera, plus connue sous le nom de Vigne ! Avant 1845 je n’avais aucun souci de maladies fongiques ou racinaire, je poussais naturellement dans mon environnement européen ou Indo-européen d’origine. Et sur pied franc... ndlr, on y reviendra...

 

Je raccourcis volontairement, car les maladies dont je vais parler sont à proprement parler plus vraiment des champignons, mais des Oomycètes, un cousin des algues brunes... mais ces maladies importées d’outre-Atlantique font mal à mon pauvre feuillage et mes fruits si peu habitués depuis des millénaires. Mes cousines américaines, Rotondifolia ou Rupestris, dont les raisins sont peu qualitatifs elles sont résistantes ou en partie à ce mildiou américain.

 

Bref je suis peu résistante à ce fléau inconnu et il m’aurait fallu des centaines d’années pour le devenir, évolution oblige, alors l’homme avide de bon vin et non de piquette issue de mes cousines américaines, a trouvé des parades, il m’aide à résister.

 

Comment protéger la vigne ? Et bien le premier outil c’est la prévention : on peut enlever les premières traces de contamination, mais souvent le mal est fait, il faut donc agir avant... mais comment ??? Et bien d’aucuns ont constaté une sensibilité au Cuivre.

 

En outre, on a appris que le foyer primaire était terrible, car si les conditions sont réunies, la multiplication sera extrêmement rapide et, en tant que vigne, je serais vite attaquée : il me pompe mes nutriments, mes réserves et me nécrose... et cela très rapidement. Je perds ainsi une grande partie de mes fruits, qui ne reviendront plus et ce n’est que le début, puisqu’ensuite, d’autres maladies peuvent m’atteindre.

 

De plus, si la température et les pluies sont abondantes alors je pousse très vite et même si mon vigneron qui s’occupe bien de moi me protège au mieux, et bien mes nouveaux organes ou ma nouvelle pousse ne sont plus protégés. Il faut donc agir de nouveau, et le faire assez rapidement. Surtout si les conditions de développement de l’ennemi sont optimales.

 

Comment protéger au mieux la vigne des Oomycètes ?

 

 

Avant de traiter savoir que la règle des trois 10 : température sous 10°C, la taille des pampres à 10 cm et dès les 10 mm d’eau tombés il faut être vigilant, et des sols secs et alentours peu humides aident...

 

Plusieurs voies de traitement :

  • La première concerne des traitements dits de contacts, comme le Cuivre : il empêche les Oomycètes de se développer, en faisant barrière grâce au pédicule. D’ailleurs, pour les luttes AB ou biodynamie, seule le Cuivre est autorisé, on pourra également ajouter des préparations, ou parfois du Bicarbonate.
  • Ensuite, les produits dits pénétrants : issus de la synthèse, ils rentrent dans la plante et la protègent. Il s’agit pour certains d’entre eux également d’avoir un effet curatif, c’est-à-dire qu’ils permettent d’enrayer la multiplication des spores et la dissémination de la maladie.
  • Enfin, les produits dits systémiques : ils ont des qualités leur permettant de migrer dans la plante et donc de protéger les nouvelles pousses. L’un d’entre eux est également curatif. À noter que certains de ces produits ont développé des souches de résistance de la maladie.

 

Pour la lutte classique, le vigneron adaptera son calendrier de traitements et essayera de traiter la vigne pour la protéger au mieux sans trop « balancer » de produits et de mettre trop la chimie en place par facilité.

 

Dans le cas des produits de contact, il a été mis en lumière que le dessous des feuilles est particulièrement sensible et donc la qualité de la pulvérisation est primordiale. Le réglage des buses, ou les modèles sont aussi un caractère important de cette technique. On préférera un beau nuage avec de fines gouttelettes qui sera mille fois plus efficace qu’une aspersion de liquide qui sera ressuyé et coulera dans le sol.

 

La dernière limite aux produits cuivrés, qui sont de bons amis du vigneron depuis la Bouillie Bordelaise du 19e siècle, ce sont les doses accumulées dans les sols de ce métal lourd et qui à la longue sont toxiques pour le sol et la plante. Rien n’est malheureusement parfait et les bonnes pratiques agricoles sont surtout une présence sans faille et une implication massive du vigneron. Sachez aussi que le vent est un ami de premier ordre notamment les vents secs et froids qui souvent soufflent du Nord.

 

Pour donner de beaux raisins et du bon vin, la vigne doit donc être entretenue tout au long de l’année et la période du printemps est un moment crucial, majeur qui demande au vigneron énormément de travail et d’attention, c’est aussi pourquoi il peut parfois ne pas vous répondre pour déguster ou visiter. 

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