Stan nous parle d'une appellation mythique : Vosne-Romanée
Tant qu’à être dans la Bourgogne (Histoire d'une passion pour la Bourgogne), autant se lâcher tout de suite ! Après Gevrey bim ! direct au plus grand des terroirs du monde... ou reconnu/vu comme tel. Moins de grands crus qu’à Gevrey certes, mais bon rien que le nom du village fait saliver le monde entier : Vosne Romanée, ça y est c'est écrit, lancé... Il se situe entre Nuits St Georges au Sud et Vougeot au Nord.
Le vin est produit sur les communes de Vosne-Romanée et Flagey Echezeaux. L'appellation couvre sur une surface totale de 153,6 Ha, dont 56,64 en premier cru. La liste des grands crus pour se donner une idée quand même, Le Romanée-conti, La-Romanée, La-tâche, Le Romanée-Saint-Vivant, La-grande-rue, Les grands-Echezeaux, L’Echezeaux, le tout pour un peu plus de 70 Ha de Grands crus…
Une fois de plus les romains sont responsables du développement du vignoble bourguignon, principalement sous Probus, puis les moines feront le reste lors du Moyen Age. La grande renommée du vignoble de Romanée, ou de Vosne commence avec deux premiers clos ou crus mis en avant l’un par les Cisterciens, la Romanée Conti l’autre par les clunisiens de Saint Vivant entre le 11e et 13e siècle. L’histoire est une nouvelle fois en marche, pour ne plus s’arrêter.
Le nom de Conti n’apparaitra en fait qu’après 1760 ou la parcelle sera achetée par le Prince de Conti, CQFD, et les appellations dites modernes arrivent avec l’INAO dans les années 30.
Pourquoi les grands crus de Vosne sont-ils devenus aussi mythiques, plus que les autres grands noms tels que Vougeot, Chambertin, ou Musigny ?
De grands terroirs certes mais comment ont-ils pu se diffuser autant ? Au 19 e siècle par exemple les crus seront « redécoupés » et agrandis. Ainsi La Tâche a été multipliée par 7 en englobant la plus grande partie des Gaudichots, les Véroilles sous Richebourg ont rejoint Richebourg pour le doubler. Les Echezeaux Du Dessus ont été décuplés pour passer d'à peine 4 hectares à près de 35 ! On obtient donc de quoi vendre et diffuser le vin. En effet sur 10 fois moins de surface, on produit moins de vin et donc on en diffuse moins…
Les personnages liés aux crus, et à la commune, grands commerçants, grands bourgeois, ou nobles, les propriétaires savent se faire connaitre et reconnaitre, plus que leurs voisins à priori et l’histoire du cru à elle seule requiert un article.
Ici on s’articule entre les douces pentes de Nuits St Georges et la fameuse Combe D’Orveaux qui prolonge le Clos de Vougeot et la partie sud de Chambolle. Les sols sont parfois terriblement caillouteux voir « impropres » à la plantation de la vigne, notamment sur la partie haute. On retrouve un équilibre assez rare ici entre températures, courants d’airs salvateurs issus des combes et des argiles à très larges feuillets plus ou moins présentes. Selon Patrick Essa (ndlr : Producteur au domaine Buisson-Charles à Meursault ) « il est absolument évident que cette bande de terre rectangulaire se situe sur une zone morpho-géologique idéale pour l'expression du pinot noir »
On obtient donc sur cette petite appellation des vins malgré tout assez hétérogènes, car il s’agit d’un conglomérat de sols et de terroirs très variés. Difficile d’en exprimer un style unique, encore plus si on ajoute des vignerons au caractères et techniques affirmés. De plus les vins dits « villages » sont souvent issus de l'assemblage de plusieurs parcelles très variées et sont donc plus l’image d’un vigneron dans son village que de son village tout court.
Je retiendrais que les premiers crus sont nettement inférieurs en quantité aux grands crus. Fait assez rare pour être noté !
Certains d’entre eux pourraient se révéler être une option non négligeable pour l’amateur qui souhaite mieux connaitre le cru et qui ne pourra peut-être jamais déguster les plus grands vins de la zone.
On a qualifié Vosne de perle de la Côte, et c’est probablement le cas. Mais attention un Clos des Réas ou un Chaumes de bas de coteau et argileux n’a rien à voir avec un Brulées ou un Reignots… Malconsorts est peut-être le cru le plus homogène et le plus vaste mais pas de petits prix ici, sauf Bichot que je connais assez mal.
Pour débuter sans se ruiner Bertaud Gerbet, Michel Gros, Bertagna, Rion les 2, Manuel Olivier, Forey, Sirugue, Cacheux… et si vous voulez casser votre tirelire ou au moins essayer de goûter un grand vin, essayez La Grande Rue de Lamarche (ndlr :article à venir la semaine prochaine), le moins connu des très grands ou peut être un Suchots D’Arnoux-Lachaux.
