Un cépage d'été : le melon de Bourgogne
A plus d'un titre voici un cépage assez méconnu et pourtant il est le monocépage le plus planté sur une appellation en Europe. Il fait l'orgueil du vignoble du Muscadet en Loire Atlantique et ce bien que son origine bourguignonne soit avérée de longue date et d'ailleurs comprise dans son nom. Le melon, ou melon de Bourgogne est donc un cépage blanc.
Peu présent dans sa région d'origine, il a pour parents... le gouais et le pinot, comme le Gamay... il a pour autres noms, le muscadet évidement, mais aussi gamay blanc (à tort) en Beaujolais, gros auxerrois en Moselle, melon rouge de Bretagne...
C'est un cépage aux grappes petites à moyennes, cylindriques, compactes, avec de petites baies sphériques déformées quelquefois par la compression, la peau épaisse peu pruinée de couleur vert jaunâtre à jaune doré à pleine maturité.
Le melon existe également en rouge mais c'est très rare. Sa pulpe fondante donne un jus très abondant sucré avec une saveur herbacée. Feuilles généralement entières à bords révolutés. À l'automne, le feuillage prend une couleur caractéristique jaune clair.
Longtemps en excès de production ou du moins fort élevée, il a donné des vins aux profils soit dilués soit très acides.
Il a une grande résistance au froid et ce serait pour cela que l'Ouest s'y serait intéressé lors de périodes de grand froid au 18ème siècle, limite glaciaire... souvenez-vous du calendrier révolutionnaire et ses mois ... leurs noms surtout. Il a donc progressé jusqu’à représenter 11 000 Ha de production, quasi exclusivement en Loire Atlantique sur la zone des muscadets et toutes les appellations liées.
Il n'aime pas la sécheresse ou les fortes chaleurs et donc un terrain frais retenant cette fraîcheur lui convient bien, argiles siliceuses par exemple. Le melon donne sur les crus du muscadet des vins très intéressants et variés, car les sols plus minéraux avec des dégradés de granits, gneiss, sables, gabbros, etc... les vins souvent élevés plus longuement donnent des cuvées pouvant bien vieillir, complexes et variées.
Il redoute les vents secs et chauds à répétition. De port demi-érigé et de vigueur moyenne, fertile et productif le melon s'accommode d'une taille courte ou longue modérée. Attention aux dilutions ou manque de maturité en surproduction !
Il est Sensible au mildiou, au black-rot, à l'érinose et surtout à la pourriture grise, un peu moins à l'oïdium, à l'eutypiose et à l'anthracnose. Maturité 2ème époque moyenne.
Outre ces vins de crus, il donne des vins au profil minéral et salins, iodés, vifs et citronnés, pamplemousse. Citronnelle et anis peuvent rejoindre des arômes plus complexes liés aux longs élevages sur lies fines ou aux terroirs de crus, amenant complexité et gras. On aura alors du miel, de lavande et des notes plus riches et huileuses en bouche, le cru Clisson par exemple où des parcellaires de grand nom donnent des cuvées au potentiel de garde de 20 ans ou plus...
Idéalement consommé avec des fruits de mers le melon fut longtemps le roi des huîtres, et le reste. On peut facilement aujourd’hui imaginer des accords fusion, notamment avec le Japon qui affectionne l'iode dans ses préparations. Certains plats catalans à l'encre de seiche pourraient également lui convenir ainsi que les salades ou du chèvre bien frais...
Il a peu voyagé bien que présent vaguement en Allemagne, Croatie ou Bulgarie. Sa patrie malgré son nom bourguignon c'est bien l'ouest français frais et arrosé ! Arrosé comme une soirée d'été près des côtes atlantiques finalement ...
Recherchez des muscadets de belle expression aux vieillissement prolongés, pour comprendre la capacité de garde de ce vin, ou même sa nature plus immédiate et simple, mais évitez les premiers prix de bas étage en GD qui reflètent mal la vraie nature de ce cépage.
Selon vos goûts les crus plus onéreux sont fascinants et très variés, complexes... nous y viendrons lors d'un article sur les appellations locales, mon affection va au Gorges premier que j'ai pu connaître, minéral à souhait... on ne se refait pas !