Prix des vins : pourquoi cette course folle ?
Confrontés à de nouveaux contextes économiques, et sociaux, les tarifs pratiqués ont connu de grands bouleversements depuis 30 ans. En tant que Français aujourd'hui, la frustration est grande !
Surtout lorsque l'on a connu le vin avant les années 2000, leurs tarifs ou leurs disponibilités. Comment est-ce arrivé et pourquoi ? Et pourquoi cela touche-t-il tant de vins dans le monde ?
Un seul facteur n'est pas suffisant, c'est donc comme souvent la somme de plusieurs évènements.
- Le premier s'appelle globalisation : En effet, grâce à un niveau de vie élevé, un besoin de reconnaissance sociale s'est affirmé à travers le vin. Les « riches » du monde entier veulent du vin, et plus il est rare, plus c'est tendance. Lorsqu'il est néophyte mais riche alors le coté marque aura la préférence de ce dernier, exemple : Champagne, Bordeaux, vins Californiens, super Toscans...
- La hausse qualitative globale, point positif, aurait dû contrebalancer le point précédent. Tous les pays producteurs ont modifié, et amélioré la qualité de leurs vins. Pour cela ils ont opté pour la baisse des rendements et des pratiques culturales plus respectueuses de l'environnement, notamment AB ou biodynamie. Pour simplifier à outrance, Quand on passe d'un modèle productiviste a un modèle qualitatif, on perd en quantité.
- Le prix du foncier a également son incidence. Les grandes révolutions piémontaises et catalanes, par exemple, ont transformé en trente ans des paysans sans le sou en millionnaires potentiels. Le prix du foncier est monté en flèche. Je ne parle même pas de la Bourgogne ou de la Champagne…
- La présence des marques de luxe, ou de leurs dirigeants, néo vignerons influe sur cette tendance haussière. Ils arrivent de la finance avec de gros moyens et possèdent des marques reconnues en prêt à porter, véhicules, etc.… ils créent ou développent sur le même modèle des vins ou spiritueux. Ils achètent à prix d'or des domaines, qu'ils valorisent, et créent des portefeuilles de vins et de marques de prestige. Qu'ils proposent au segment de la clientèle la plus riche.
- La rareté du produit n'est pas le moindre des facteurs. Les systèmes d'appellation français et européen bloquent le développement de certains vignobles, logiquement d'ailleurs. Prenons l'exemple du nord de la vallée du Rhône, qui était une mine de bonnes affaires, Cornas, 111 Ha, Hermitage, 136 Ha, cote rôtie 230 Ha, etc... Ces superficies sont inextensibles. Autre exemple, Italien celui-là : le consorzio de Brunello n'autorise que 3% par an d'augmentation de surface. Accidents climatiques à répétition, grêle, sécheresse, gel, etc... ont également une forte incidence sur les quantités disponibles. Il y a donc une distorsion entre l'offre et la demande.
- Connaissance et expertise sont partagés par de plus en plus de férus et amateurs de vin qui sont de mieux en mieux armés ! Sites internet, moteurs de recherche…sont autant d'outils à leur portée. Un jeune œnologue de talent n'a pas le temps d'éclore qu'il est déjà assailli. Les stars quant à elle sont submergées de demandes en tout genre...
- L'évolution des méthodes et travail a également un impact important. Chez certains vignerons ils sont 10 pour 10ha, sont en bio ou biodynamie, travaillent sur des pentes abruptes, non mécanisés, utilisent des bouteilles lourdes, des bouchons longs en liège, etc, etc. Si cela ne justifie pas des prix stratosphériques il n'en demeure pas moins que les coûts de production sont plus importants.
- Les notations ! Et oui journalistes et critiques donnent des notes, font des remarques sur la qualité, le style, et comme nous les lisons, les écoutons en bien petits moutons que nous sommes, voilà que les prix montent en fonction de la note obtenue. Bon disons vrai : c'est aussi le signe que souvent le vin est bon et régulier.
Effet 2000, millésimes d'exception, nombres d'experts plus nombreux, réseaux sociaux, globalisation des échanges, voilà comment en 30 ans la communication a généré des monstres.
Sans être exhaustif, toutes ces raisons mises bout à bout on fait exploser le tarif de certains vins. Rassurons-nous il reste plein de très bons vins accessibles et agréables a tous les palais. Il semblerait en revanche que la course aux grands crus soit inexorable !