La coopérative des anciens élèves : le Champagne SANGER
Sur le trajet du salon Prowein qui s'est tenu à Düsseldorf du 17 au 19 mars, je me suis offert un petit pèlerinage.
Ayant fait mes études en Champagne, j’ai choisi de m’arrêter chez plusieurs producteurs qui caractérisent particulièrement le système local de production.
Je n’ai d’ailleurs pas pu, à mon grand regret, visiter de grand négoce ou même de taille plus raisonnable. Nous avons cependant pu couvir une partie non-négligeable du cru, en s’arrêtant à la fois chez des vignerons de tous types, et une coopérative.
Et c’est d’elle dont je vais parler ici.
Mon cursus est passé par le Lycée Viticole de la Champagne, en pleine Côte des Blancs, du côté d’Avize, village Ô combien réputé aujourd’hui ! A la fois pour ses chardonnays étincelants, mais aussi pour ses producteurs, dont le célèbre Anselme Selosse de la maison du même nom.
Ce lycée forme des élèves aux divers métiers de la vigne et du vin. Par le biais de la coopérative SANGER créée par d’anciens élèves, les étudiants peuvent apprendre les divers travaux, de la vigne à l’embouteillage. Ils sont encadrés comme le seraient des stagiaires.
La coopérative emploie des salariés qui veillent au bon déroulement des tâches et aident les élèves à parfaire leur savoir.
Vue de la montagne de Reims vers Louvois
La coopérative est née au départ d’un don d’une famille locale : les Puisard.
Ensuite, d'anciens élèves du Lycée ont créé une coopérative d’approvisionnement de raisins. Aujourd’hui, la coopérative vinifie environ 13 Ha de vignes, répartis entre 42 villages. 4 Ha situés à Avize proviennent de la donation d’origine.
Depuis quelques années les vins ont bien évolué ainsi que les débouchés .
L’export tient une part de plus en plus importante, vers des pays tels que la Norvège, l’Espagne, les USA et le Japon.
Il semble d’ailleurs que le marché français connaisse une baisse légère, mais continue. Nous y reviendrons dans un article détaillé sur la région. Aujourd’hui les Champagnes Sanger sont vendus surtout aux particuliers en France, via la vente directe et des salons auxquels participent d’autres lycées viticoles.
Passons donc à la dégustation proprement dite,
Attaquons avec " le Natal". Un blanc de blanc grand cru, des communes d’Avize, Oger, et Cramant. Il représente comme son nom l’indique l’ADN local, le Chardonnay dans son état crayeux.Iissu d’une base de 2014 à 70 % et de 30% de vins de réserve. Le nez annonce une forte maturité, et de fruits blancs, la bouche sapide et fraîche, l’ensemble est bien équilibré, tendu, 10 % de l’assemblage n’a pas eu de fermentation malolactique. La finale est agréable, c’est un bon Champagne.
" Triangle minéral ", 2010, sans malo.Iil représente la notion de cru et monocépage. Le nez est brioché, un peu évolué, des notes d’amande. En bouche il y a du volume, de la largeur, des notes d’oxydation légères en finale, il manque un peu de peps et de mordant pour en faire un grand champagne, mais c’est bon. Bien+/++
" Les pères d’origines, brut grand cru 2010 ". Cette cuvée représente les 16 anciens élèves fondateurs de la coopérative. Assemblage de pinot noir grand crus, Ay, Verzy, Verzenay, et Chardonnay à parts égales. Le nez est sur le zest, puis un peu de coing, la bouche est un poil fatiguée. Nous ouvrons une autre bouteille, ou le vin est bien brioché, avec une très jolie finale, un joli vin, bien+/++
Pour terminer " le voyage 360 " qui assemble tous les crus de la coopérative, et tous les styles. À noter que l’on retrouve ici le lycée, les anciens, la mairie d’Avize et la maison de retraite qui possèdent des vignes.
Atypique non ?
Le nez est frais et agréable, des fruits rouges et de la groseille. Le Meunier est là…en bouche c’est assez vif, frais, avec du fruit été de la tension, AB+, apéritif, facile.
Un ensemble de vins de bonne facture, des prix raisonnables, voilà une adresse à recommander pour le Blanc de Blanc "Natal", au tarif doux de 23 €, et les "pères d’origines" qui donne une vue d’ensemble de la Champagne.
J’ai apprécié me replonger dans l’histoire singulière du Lycée voisin où j’ai fait mes armes, et dans cette Champagne viticole qui comme beaucoup de régions était pauvre jusqu’à l’avènement des vins qui lui confèrent une popularité mondiale.